Pancarte sur laquelle on peut lire « We stand with AP » (« nous soutenons AP »), en référence au différend entre l’agence de presse et la Maison Blanche, pendant la conférence de presse de la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, à Washington, le 26 mars 2025. CARLOS BARRIA / REUTERS
Un juge fédéral a sommé, mardi 8 avril, la Maison Blanche de rétablir le plein accès de l’agence Associated Press (AP), pilier du journalisme aux Etats-Unis – il est suspendu depuis deux mois –, jugeant inconstitutionnelle son exclusion en raison de divergences d’opinions avec l’administration Trump.
AP a été notamment exclue du bureau Ovale et de l’avion présidentiel Air Force One en février pour son refus de se conformer à la nouvelle appellation du golfe du Mexique, rebaptisé « golfe d’Amérique » par un décret signé par Donald Trump.
Le juge Trevor McFadden a conclu que l’exclusion pour ce motif est « contraire au premier amendement » de la Constitution américaine, qui garantit la liberté de la presse et d’expression. Le tribunal « considère simplement qu’en vertu du premier amendement, si le gouvernement ouvre ses portes à certains journalistes (…), il ne peut pas fermer ces portes à d’autres journalistes à cause de leurs opinions », explique-t-il.
Table des matières
« Etre traitée sur un pied d’égalité »
Le magistrat a balayé les arguments de l’administration Trump selon laquelle l’agence revendiquerait « un accès privilégié ». « Tout ce que veut AP et tout ce qu’elle obtient, c’est d’être traitée sur un pied d’égalité » par rapport à ses concurrents, a affirmé le juge Trevor McFadden, soulignant qu’il n’ordonnait pas à l’administration de « lui accorder un accès permanent au bureau Ovale » ou à d’autres lieux cruciaux de la Maison Blanche ni « un traitement particulier ».
Lire le décryptage | Article réservé à nos abonnés Donald Trump et les médias : une stratégie de la confrontation, entre saturation tonitruante et pressions inédites
« AP a connu une hémorragie économique ces deux derniers mois et sans décision de justice en sa faveur, sa situation ne fera que s’aggraver à mesure que ses clients l’abandonnent pour d’autres médias », souligne le juge McFadden. En conséquence, il enjoint à l’administration Trump de « lever immédiatement l’exclusion d’AP du bureau Ovale, d’Air Force One et d’autres espaces limités en raison de l’opinion d’AP lorsque de tels espaces sont ouverts aux autres membres du pool de presse de la Maison Blanche ».
Dans un communiqué, l’Association des correspondants de la Maison Blanche (WHCA) a applaudi la décision du juge. « Nous sommes ravis que les journalistes, photographes et vidéastes de l’Associated Press soient de nouveau autorisés à participer aux événements présidentiels dont ils avaient été exclus par l’administration, simplement parce qu’ils avaient utilisé des mots que la Maison Blanche n’aimait pas », a déclaré le conseil d’administration de la WHCA dans un communiqué.
Dans une note éditoriale, AP a expliqué que le décret présidentiel américain changeant le nom du golfe du Mexique en « golfe d’Amérique » ne faisait autorité qu’aux Etats-Unis, tandis que le Mexique et d’autres pays et institutions internationales n’étaient pas tenus de s’y conformer. « Associated Press y fera référence par son nom d’origine tout en reconnaissant le nouveau nom choisi par Trump », a poursuivi l’agence, rappelant que le golfe du Mexique portait « ce nom depuis plus de quatre cents ans ».
Lire aussi la tribune | Article réservé à nos abonnés « La presse libre ne peut céder à la Maison Blanche le droit de décider des mots qu’elle emploie pour décrire la réalité »
L’agence AP, fondée en 1846 par des journaux new-yorkais, emploie plus de 3 000 personnes à travers le monde. En 2023, elle a publié plus de 375 000 articles, 1,24 million de photos et 80 000 vidéos, selon ses chiffres.
Le Monde Mémorable
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »
Découvrir
Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, la Maison Blanche a réduit la place accordée aux grands médias américains et restreint l’accès d’organes de presse, dont l’AFP, au profit de représentants de chaînes de télévision, blogs, sites Internet ou podcasts populaires auprès de l’électorat trumpiste.
Le Monde avec AFP
No comment yet, add your voice below!