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Soudan : les paramilitaires des Forces de soutien rapide annoncent un gouvernement rival, après deux ans de guerre

Vue du camp de réfugiés d’Ourang, à Adré (Tchad), où vivent des personnes ayant fui le conflit au Soudan, le 7 décembre 2023. DENIS SASSOU GUEIPEUR / AFP

Le chef des paramilitaires au Soudan, Mohammed Hamdan Daglo, a annoncé, mardi 15 avril, la mise en place d’un gouvernement rival, au deuxième anniversaire de la guerre civile qui a fait des dizaines de milliers de morts et plongé une partie du pays dans la famine.

Réunis à Londres, des responsables d’une quinzaine de pays, parmi lesquels l’Arabie saoudite et les Etats-Unis, et des organisations internationales ont appelé à un « cessez-le-feu immédiat et permanent » au Soudan, et souligné « la nécessité d’empêcher toute partition » de ce pays d’Afrique de l’Est. Cette demande de cessez-le-feu a été réitérée un peu plus tard par les pays du G7, qui demandent également, dans un communiqué, à tous les « acteurs extérieurs de cesser tout soutien qui alimente davantage le conflit ».

La guerre a éclaté le 15 avril 2023 entre l’armée régulière, commandée par le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, et les Forces de soutien rapide (FSR), dirigées par le général Daglo, son ancien adjoint. L’armée du général Al-Bourhane, dirigeant de facto du pays depuis un coup d’Etat en 2021, contrôle le Nord et l’Est, tandis que les paramilitaires dominent le Sud et l’Ouest.

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« En cet anniversaire, nous affirmons avec fierté la mise en place d’un gouvernement de paix et d’unité », a déclaré le général Daglo sur son compte Telegram, annonçant notamment une « nouvelle monnaie » et une « nouvelle carte d’identité ». « Ce gouvernement représente le véritable visage du Soudan », a-t-il soutenu.

Plus de deux semaines avant cet anniversaire, l’armée a repris le contrôle de Khartoum, d’où elle avait été chassée par les FSR juste après le début de la guerre. Des centaines de milliers de personnes avaient fui la capitale. Beaucoup de civils ont célébré ce qui était pour eux une « libération » après près de deux ans passés sous l’emprise des paramilitaires, accusés de génocide, de pillages et de violences sexuelles. Zainab Abdelrahim, une femme de 38 ans, est rentrée au début d’avril à Khartoum, avec ses six enfants, où elle a à peine reconnu sa maison pillée : « Nous essayons de rassembler l’essentiel, mais il n’y a ni eau, ni électricité, ni médicaments. » Selon l’ONU, plus de 2,1 millions de déplacés pourraient rentrer à Khartoum au cours des six prochains mois, si les conditions de sécurité et les infrastructures le permettent.

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Appel de l’ONU à stopper le « flux d’armes »

Après la perte de Khartoum, les paramilitaires ont concentré leurs attaques au Darfour pour tenter de s’emparer d’El-Fasher, la dernière capitale provinciale qui leur échappe dans cette région. Dimanche, les FSR, qui contrôlent presque totalement le Darfour, ont ainsi annoncé avoir pris le camp de Zamzam, proche d’El-Facher, où vivaient plus de 500 000 déplacés frappés par la famine, lors d’un assaut qui a fait plus de 400 morts, selon l’ONU. D’après l’Organisation internationale pour les migrations, environ 400 000 civils ont fui ce camp.

« Ils sont entrés à Zamzam et ont commencé à nous tirer dessus », explique à l’Agence France-Presse (AFP) Amna Hussein, 36 ans, qui a été blessée à la main par une balle avant de fuir le camp de Zamzam vers la ville de Tawila, une soixantaine de kilomètres plus loin. « J’ai enveloppé ma main d’un tissu pour stopper le sang, et nous n’avons cessé de courir », témoigne-t-elle, exténuée par trois jours de marche.

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Lundi, Antonio Guterres a appelé à mettre fin « au soutien extérieur et au flux d’armes » qui alimentent la guerre. L’armée soudanaise accuse les Emirats arabes unis de soutenir les paramilitaires en leur livrant des armes, ce que nient les FSR et les Emirats.

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Plus de 800 millions d’euros supplémentaires de financements

Dans leur communiqué final, les participants à la conférence de Londres se sont engagés à mobiliser plus de 800 millions d’euros supplémentaires pour ce pays enfoncé dans une crise humanitaire catastrophique.

« Beaucoup ont abandonné le Soudan (…). C’est une erreur morale lorsqu’il y a autant de civils décapités, des nourrissons d’à peine un an victimes de violences sexuelles, et plus de personnes menacées de famine que partout ailleurs dans le monde », a dit le chef de la diplomatie britannique, David Lammy, à l’occasion de cette conférence. « Continuer à détourner le regard du Soudan aura des conséquences catastrophiques », a dit le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.

La destruction du système de santé au Soudan rend impossible d’établir un bilan exact concernant les victimes. En 2024, l’ex-émissaire de l’ONU au Soudan, Tom Perriello, avait avancé des estimations faisant état de 150 000 morts.

Les belligérants ont été accusés de viser des civils, de bombarder aveuglément des zones habitées et de faire obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire. Près de 25 millions de Soudanais souffrent d’insécurité alimentaire aiguë, parmi lesquels 8 millions sont au bord de la famine, selon l’ONU.

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Le Monde avec AFP

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