Budget: après les propos de Bayrou sur « la submersion » migratoire,

La ligne de discussion entre les socialistes et le gouvernement est rompue depuis hier. Manifestement soucieux de pouvoir soutenir le budget de l’État qui doit être voté à l’Assemblée lundi, le PS tend des perches à François Bayrou. Il cherche à « faire monter les enchères », analyse l’un de ses proches à Matignon.

Plus de son, plus d’image. Depuis lundi soir et les propos du Premier ministre François Bayrou qui a évoqué « un sentiment de submersion » migratoire, les socialistes sont rouges de colère.

Après avoir signé et persisté le lendemain devant les députés, les élus du groupe de Boris Vallaud ont annoncé dans la foulée l’annulation d’un rendez-vous avec le gouvernement, à quelques jours du vote du budget dans l’hémicycle. Une très mauvaise nouvelle pour François Bayrou qui a besoin d’eux pour parvenir à le faire adopter.

« Il n’y a pas de discussions depuis hier soir. Notre préalable est que les échanges se font sans le RN. Et là, on sent une volonté de draguer les députés de Marine Le Pen », résume un collaborateur socialiste auprès de BFMTV.com.

Depuis des semaines, François Bayrou tente pourtant d’amener dans son sillon les troupes d’Olivier Faure, le premier secrétaire du PS avec, à la manœuvre, Éric Lombard, le ministre de l’Économie. Jusqu’ici, ses calculs ont très bien fonctionné. Si aucun député socialiste n’a fait son entrée au gouvernement, le parti à la rose a décidé de ne pas soutenir la motion de censure débattue mi-janvier qui aurait pu faire tomber le Premier ministre.

En échange, le centriste y a mis du sien et lâché du lest sur plusieurs points clefs, de la fin de la suppression des 4.000 postes d’enseignants dans le budget 2025 en passant par une conférence sociale sur les retraites et la suppression de nouveaux jours de carence pour les fonctionnaires.

« Trop grave pour qu’on laisse passer »

De quoi s’assurer d’un vote des socialistes pour le budget de l’État et de la sécurité sociale et de s’éviter au passage d’être renversé.

« Bayrou a fait un pas vers nous, on a fait un pas vers lui. C’était une vraie négociation. Mais là, ce qu’il a dit est trop grave pour qu’on laisse passer. On ne peut pas transiger avec nos valeurs », regrette un député PS.

Concrètement, les socialistes devraient voter contre un projet d’accord sur le budget entre le Sénat et l’Assemblée ce jeudi au sein d’un conclave qui réunit des députés et des sénateurs.

Ce geste sera cependant symbolique. Au sein de la commission mixte paritaire, le nom de cet espace de discussion, la gauche compte 4 élus et le RN 2 pour un total de 14 parlementaires. Les échanges devraient donc être conclusifs et permettre un vote dans l’hémicycle lundi.

« Il faut que Bayrou nous aide à l’aider »

Si les socialistes votaient contre le budget ce jour-là, « la piste la plus probable » aujourd’hui d’après l’un d’entre eux, François Bayrou dégainerait probablement le 49.3 qui permet d’adopter un texte sans vote. Cela déclencherait ensuite une motion de censure qui pourrait faire tomber le Premier ministre si la gauche et le RN la soutenaient.

« Personne ne sait ce qui va se passer la semaine prochaine, on peut très bien ne plus être là dans 8 jours. François Bayrou peut tomber comme Michel Barnier », reconnaît un conseiller ministériel.

« On a tous envie d’avoir un budget. Mais il faut que François Bayrou nous aide à l’aider », résume de son côté un sénateur socialiste.

Des demandes hors des radars de Bayrou

Pour ce faire, le parti à la rose a déjà fait la liste des propositions qui pourraient renverser la vapeur. Premier point pour faire repartir les discussions: « retirer les mots qui ont blessé inutilement », a avancé le député PS Philippe Brun ce mercredi matin sur Sud radio.

Si le Premier ministre aurait pu être à nouveau interpellé aux questions d’actualité au gouvernement sur le sujet à l’Assemblée et au Sénat, il ne sera finalement pas présent, pour assister aux obsèques du journaliste Jean-François Kahn.

Seconde demande: « une augmentation du smic immédiat », jusqu’ici toujours rejetée par le camp présidentiel. Dernière requête formulée par la maire PS de Nantes Johanna Rolland sur Public Sénat ce mercredi: que François Bayrou dise « qu’il ne va pas toucher à l’aide médicale d’État », ce dispositif qui permet aux personnes sans-papier de se faire soigner gratuitement en France.

« Faire monter les enchères »

Le Sénat a largement restreint l’AME en décembre et coupé dans son financement lors du vote du budget de la sécurité sociale. Mais François Bayrou n’a pour l’instant jamais abordé aucun de ces sujets, rendant difficile l’ouverture d’avancées en la matière.

« On est dans un réflexe de négociations qui existe souvent: faire monter les enchères », avance de son côté un proche de François Bayrou qui renvoie la balle aux socialistes.

« On ne peut pas depuis Matignon intervenir dans les négociations internes au PS », juge encore l’entourage du Premier ministre tout en assurant « que la porte des discussions est toujours ouverte ».

La porte-parole du gouvernement Sophie Primas, a, elle, été plus directe. « Nous ne souhaitons aucune prise d’otage sur le budget », a jugé cette proche de Gérard Larcher à la sortie du Conseil des ministres, appelant chacun à « avoir le sens des responsabilités ».

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